ETES-VOUS UN CORDON BLEU ?

Publié le par Monique du Restouble

Aujourd'hui, pour être dans le coup, que vous soyez homme ou femme, il faut prendre des cours de cuisine et le marché est en plein boom. Vous n'aurez que l'embarras du choix.

  • Vous pouvez réserver un week-end dans un grand hôtel avec animation cuisine, 
  • Prendre des cours un dimanche après-midi avec course et dégustation,
  • Si vous manquez de temps on vous propose de préparer vous-même votre repas pendant 45 minutes, puis vous le dégusterez.. 
  • Vous pouvez vous initier à l'art de la cuisine chinoise, vietnamienne, etc.
  • Un restaurant concept dédié à l'art culinaire juif vous propose de cuisiner les plats juifs traditionnels,
  • Rien ne vous empèche de découvrir l’art de fabriquer le pain à l’ancienne,
  • Il existe des ateliers gourmands, avec des thèmes différents à chaque séance, sous la houlette d'un  chef chevronné,
  • Vous pouvez cultiver la "Fraich'attitude" en vous rendant dans certains ateliers pour apprendre à cuisiner les fruits et légumes frais,
  • Ou encore recevoir un cours de cuisine à domicile,
  • Vous pouvez même apprendre à cuisiner et draguer en même temps; Ce nouveau concept permet à des célibataires de partager un cours de cuisine et plus si affinités...

Vous aurez ensuite le choix pour postuler aux nombreuses émissions télévisées puisque vous serez devenu un véritable CORDON BLEU !

On se demande parfois, entre le dessert et le café, de quel cordon singulier peut venir cette expression élogieuse mais au premier abord assez obscure. S'agirait-il de celui qui nouait les célèbres tabliers, bleus, des vieilles cuisinières de la tradition bourgeoise?...

Non, le cordon bleu originel était sous l'Ancien Régime la plus illustre des décorations, l'insigne des chevaliers du Saint-Esprit,  un ordre institué en 1578 par Henry III pendant les guerres de Religion afin de regrouper les principaux chefs du parti catholique contre les protestants. Aboli à la révolution, le cordon bleu constitua pendant deux siècles la distinction suprême dans l'aristocratie française, quelque chose comme les plus hauts grades de l'actuelle Légion d'honneur, qui n'a fait d'ailleurs  que lui succéder. La locution pouvait donc s'appliquer par métaphore à tout ce qui est d'une rare élévation; ainsi,un poète du XVII° siècle qui souhaitait se faire admettre à l'académie française déclara que cette assemblée était "le cordon bleu des beaux esprits". Il fut élu.

Cependant, selon certains, l'application culinaire est fondée sur des faits plus précis : certains seigneurs de haut parage, le commandeur de Souvé, le comte d'Olonne et quelques autres, tous dignitaires du Saint-Esprit et porteurs du cordon de l'ordre, avaient pris l'habitude de se réunir en une sorte de club gourmand pour cultiver l'art du bien-boire et du bien-manger. Leurs déjeuners devinrent célèbres et l'on employa un temps l'expression faire un repas de cordons bleus. Façon de parler qui a passé des gourmets tombés dans l'oubli aux préparateurs des plats eux-mêmes, tous cuisiniers et cuisinières de haute volée.

A la réflexion il est juste que le mot soit ainsi rattaché à la gastronomie : l'ordre du Saint-Esprit n'avait-il pas été créé à l'origine, si on peu se permettre, pour "bouffer du pasteur"!


(source : Claude Duneton "La puce à l'oreille" - les expressions populaires et leurs origines).






Publié dans RECETTES

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