Hommage au poète Lucien FREREJEAN (6)

Publié le par Monique du Restouble

LA PIEUVRE

 

 

Gilliatt l’avait vaincue et on la croyait morte,

Gisant épave molle au fond de l’océan ;

On la croyait crevée et la voici pourtant

Bardée de fer, d’acier, renaissante et plus forte.

 

Voyez-là, ondulant sur tous les continents,

Jetant toujours plus loin ses vastes tentacules

Dévorant nos cités jusqu’au moindre édicule,

Asphyxiant nos forêts, nos ruisseaux et nos champs.

 

Son œil nous hypnotise et ses bras nous enserrent,

Et malgré nous séduits, nous lui abandonnons

Nos places et nos rues, nos parcs et nos gazons

Sous les regards heureux de ses thuriféraires.

 

La télé, la radio rivalisent d’éloges.

Plus longs, plus rapides, plus riches en confort,

Chacun de ses anneaux, utilitaire ou sport,

Nous ruine et nous meurtrit sans qu’on ne s’interroge.

 

Rivale de Moloch, chaque année plus avide,

Elle exige son du de sacrifice humain,

Et le peuple ravi applaudit des deux mains

Le séduisant démon qui le broie impavide.

 

Elle se rit du fou qui pourtant prophétise

Avec la pollution, la fonte des glaciers

L’asphyxie de la terre en un corset d’acier

Et en vain en appelle à nos matières grises.

 

Mais peut-être qu’un jour, sous des tas de ferraille,

Venus on ne sait d’où des étranges Aliens

Exhumeront surpris des os d’homo sapiens

Que le poulpe enfin mort cachait en ses entrailles.

 

Lucien Frèrejean

Extrait de « Errances »

Publié dans POEMES & LEGENDES

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article