REVOLUTION A VILLELAURE - Chapitre IV

Publié le par Monique du Restouble

CHAPITRE IV : LES HOMMES

 

            LES FORBINS.

 

            Importante et illustre famille de Provence. On les voit apparaître à Marseille au milieu du XIVème siècle. L’origine est incertaine. Des actes notariés mentionnent des commerçants aux Patronymes proches un peu partout en Europe : Ecosse, Italie, Bavière, mais aussi en Bourgogne. Cependant, rien ne permet d’établir un lien agnatique avec le premier Forbin signalé en Provence : Pierre de Forbin, époux de Françoise d’Agoult. Il est (déjà) très riche, et doit probablement son mariage à sa fortune. Cette fortune, et cette noblesse « vénale », vont favoriser une nombreuse descendance aristocratique, classée en plusieurs branches « fieffées », de Solliès, de Gardanne, de La Fare, de La Barben, des Issarts et, celle qui nous intéresse, de Janson. La « grande Histoire » de France des cinq derniers siècles immortalisera l’épopée de plusieurs d’entre eux, illustres serviteurs du Royaume où de l’Eglise. Là n’est pas l’objet de notre propos, et nous nous en tiendrons aux Seigneurs de VILLELAURE ;

 

    -  Jean PALAMEDE DE FORBIN, dit LE GRAND, (+1508), est l’artisan de la réunion de la Provence au Royaume de France. Son jeu politique avec Louis XI n’est pas très clair et toujours controversé, mais il est certain toutefois qu’il sut concilier les intérêts des Provençaux et son intérêt personnel.

        -     Son neveu, Jean III, est premier Consul de Marseille en 1501 et1508. Par son mariage avec Antoinette de la Terre (en1504) il devient Seigneur de JANSON et de VILLELAURE. Il est le véritable créateur du Villelaure des « temps modernes ». Les liens avec la Maison De Bouliers-Cental, (Seigneurs de la vallée d’Aigues et de nombreuses terres situées dans les Alpes Cotiennes), sont étroits et les intérêts communs. On peut y trouver une raison dans le transfert de populations Vaudoises vers le Villelaure naissant qui manque tragiquement de main d’œuvre.

        -     La génération suivante ne profite pas de la même quiétude constructive. Devant les progrès de La Réforme, François 1er ordonne l’adjuration forcée des hérétiques par tous les moyens, y compris la destruction des villages et refuges. Le Seigneur de Villelaure (Gaspard de Forbin), est peut-être personnellement visé par cette mesure. (14). De toute façon, il n’a pas le choix : Le 17 avril 1545, son Oncle Maynier d’Oppède, assisté du sinistre Capitaine Paulin, brule Trésémines et Villelaure. Presque tous les habitants, prévenus, se sont cachés dans le Luberon. Ceux qui ont cru à la mansuétude du Seigneur Gaspard sont trahis et livrés à la justice expéditive de Paulin. Un procès est ouvert à Paris en 1551, suite à la plainte de Madame de Cental, fait très officiellement état des crimes d’Oppède et de la conduite peu glorieuse des Forbin : « A Villelaure était demeuré un des sujets du lieu nommé Jannin De La Croix (Croux), sa femme et la femme d’un sien fils et plusieurs petits enfants qui tous s’étaient mis dans le jas de la maison du seigneur, pensant s’y sauver, mais Jean Baptiste Forbin frère puîné dudit Gaspard Forbin seigneur de Villelaure leur dit qu’ils se levassent de là… ils furent contraints de s’en aller pour se sauver parmi les champs, où la femme du dit La Croix fut prise par les avants coureurs…etc ».(3)

L’édit de tolérance (1562) apaise les réformés, mais révolte des catholiques « durs », c’est le début des affreuses guerres de Religion.

Gaspard de Forbin reste cependant dans le parti du Roi et s’oppose aux « ligueurs ». Il meurt en 1563.

 

Louis Michel JACQUIERS, « advocat », de Cadenet. Il appartient à une très vieille famille du terroir, très prolixe en hommes de loi. Il est marié à Madeleine Vague, d’Ansouis et ont de nombreux enfants. Ils pourront tous deux à Villelaure.

Jean-Baptiste COUSIN, bourgeois et juge de paix, également de Cadenet, le remplace après le 9 Thermidor. Son frère, ancien curé de Cucuron, était député du clergé à la Constituante. Prètre réfractaire, il est en exil à Rome (14).

Jean-Baptiste GUERIN, élu maire le 2 Vendémiaire de l’an IX, issu d’une dynastie de maréchaux-ferrants et « officiers de santé ». Ils exercent leurs talents depuis plusieurs générations à Cadenet et Ansouis. Il s’établit et meurt à Villelaure.

Pancrace VAGUE, Propriétaire, bourgeois et greffier. Il appartient à une famille « souche » de Villelaure, Ansouis et Cadenet. Il signe le compromis « historique » des pradas et démissionnele 29 Vendémiaire de l’an XII.

Augustin CUREL, aussi de Cadenet, devient le premier Maire « impérial », assisté de J.B. GUERIN et de Louis JACQUIERS ;

 Tous ces personnages sont issus de la petite bourgeoisie rurale du canton. Par le jeu des mariages « arrangés », ils sont forcément parents. Mis aux affaires publiques par nécessité il manœuvrent  avec prudence, beaucoup plus préoccupés par la politique locale que par les idéologies philosophiques. On peut cependant deviner qu’ils sont plus proches des paysans que de la grande noblesse. L’abolition des privilèges et la possibilité de rachat des terres nobles en feront les grands profiteurs de la Révolution sur le plan économique. Ils le savent et agissent en conséquence. Par leur nombre, les notables de Villelaure assurent cependant la responsabilité des affaires. Là aussi, les mêmes hommes ont traversé les régimes. C’est ainsi que Antoine PIGNOLY, Marc VAGUE, Pierre BOSSE, Louis JACQUEMES sont élus trois fois au Conseil Général de la Commune. Jean Pierre DURAND, André  VAGUE, J J CROUX, Pierre BECARUD, Elzear PIGNOLY, Joseph BECARUD sont élus deux fois. Ces personnages sont tous des « ménagers »possédant de petites surfaces et des négociants dont le volume des affaires ne mérite pas l’accès à la classe bourgeoise. La révolution ne leur permet pas d’améliorer sensiblement leur position sociale. Ils auront cependant la satisfaction de voir « lou Fourbin » payer plus d’impôts…

            Motivés mais paisibles, les paysans Villelauriens acceptent volontiers les contraintes civiques. La Garde Nationale recrute 72 volontaires en 1793, c’est à peu près la totalité des hommes en âge de porter les armes, et les jeunes gens ne boudent pas à l’appel des « soldats de l’An II ».

 

(à suivre CHAPITRE V)

 

Publié dans COUP DE COEUR

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